Le docteur en sciences économiques, Noël Tshiani Muadiamvita, remet en cause les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la dépréciation de la monnaie locale face aux dollars américains taux.
Se confiant à CONGO-ACTU.NET ce mardi 08 août, l’initiateur de loi sur la congolité a de prime abord révélé les causes et les conséquences de cette dépréciation. Tshiani Muadiamvita lie cette situation à la mauvaise politique monétaire mise en place en République Démocratique du Congo (RDC).
« La monnaie congolaise s’est dépréciée de plus de 200.000% depuis son lancement en Juin 1998 jusqu’à ce jour. La cause de cette dépréciation monétaire c’est la mauvaise gouvernance du pays et plus spécifiquement la mauvaise gouvernance au niveau de la politique monétaire, budgétaire et fiscale. Très clairement le pays manque de vision dans ce secteur pour nous garantir une monnaie stable et crédible qui puisse préserver le pouvoir d’achat des congolais« , a-t-il indiqué.
Et d’ajouter : « Les conséquences de cette dépréciation monétaire sont notamment la perte du pouvoir d’achat par la population et la dollarisation accélérée de l’économie. Pour financer le déficit budgétaire énorme, la RDC a trois options : utiliser une portion des réserves internationales (qui ne représentent actuellement que 2,75 mois de couverture des importations et sont très insuffisantes pour atteindre la norme minimale de trois (3) mois utilisée par les institutions internationales), emprunter sur le marché financier (une récente tentative de lever $30 millions n’avait réussi à mobiliser que $14 millions) et enfin recourir à la planche à billets. Il me semble qu’actuellement c’est le recours à la planche à billets qui a gonflé la masse monétaire entraînant ainsi la dépréciation accélérée monétaire« , a fait savoir Tshiani Muadiamvita.
Poursuivant, Noél Tshiani qualifie les mesures gouvernementales prises récemment au sujet du dérapage du franc congolais de cosmétique.
«Face à cette surchauffe observée sur le marché de change, le gouvernement a adopté les mesures conjoncturelles et non structurelles. Notre pays a besoin des mesures structurelles qui remettent de l’ordre dans la gestion de l’économie et des finances publiques. Pour l’instant, ils ont le cosmétique et cela ne peut donner que des résultats temporaires, mais trop vite vous allez comprendre qu’il faut qu’on revienne aux fondamentaux tels que reconnaître l’indépendance de la Banque Centrale du Congo, le respect strict de la discipline budgétaire et mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut« , a-t-il expliqué.
Il sied de rappeler que le gouvernement avait, au cours d’une réunion tenue lundi 17 juillet, annoncé des mesures pour encadrer le dérapage du franc congolais. Il s’agit notamment de l’intervention de la banque sur le marché et le paiement des impôts en monnaie locale.